Les adultes crient, les enfants trinquent...Ecole: terrain d'apprentissage ludique où usine à enseigner et éduquer?
Si
crier était une solution fiable et efficace pour obtenir l'attention
et même le calme des enfants, ça se saurait.
Certains instituteurs(trices) crient parfois tellement fort dans leurs salles de classe pour obtenir le calme...certaines femmes de service crient parfois tellement fort dans les cours de récréation pour forcer les enfants à se taire et à se ranger deux par deux dans des rangs militairement organisés que nous risquerions de retrouver des fantômes translucides à la place de nos chers enfants, réduits au silence total par la violence du choc sonore. Et cela ne fonctionne visiblement pas du tout. Alors pourquoi tant de cris ? Cris, punitions, intimidations, menaces sont monnaies coutantes pour essayer en vain d'obtenir l'attention et l'obtempération des enfants. N'y a t-il pas une autre solution pour communiquer avec eux, dans leur intérêt et pour leur bien-être (et celui des adultes également), pour attirer leur attention et leur faire comprendre que le temps de l'écoute est venu?
L'objectif et les missions pour l'adulte (être sensé et intellectuellement fini) ne sont-ils pas d'accompagner positivement l'enfant dans sa découverte du monde, d'apprendre à communiquer à son rythme et non pas d'exiger de l'enfant qu'il s'adapte au rythme et au mode de fonctionnement de l'adulte?
L'école n'est pas une usine où l'adulte, pour son propre confort, demande aux enfants de suivre le rythme et les modèles à son image. Oui l'éducation est le plus difficile métier du monde qui demande bienveillance, patience, écoute, compétences...mais il n'y a pas d'échappatoire ni d'alternative à cela. Alors retroussons-nous les manches.
Crier est une solution de facilité pour les adultes, un raccourci pratique où la raison du plus fort est toujours et uniquement...la plus forte, où l'adulte s'égosille au risque de faire péter ses cordes vocales, où l'enfant apeuré et brutalisé est à deux doigts de perdre sa raison, ses tympans et sa joie.
Ce disfonctionnement intègre malheureusement l'apprentissage de l'enfant qui s'imagine que crier est le mode normal et unique de communication pour obtenir l'attention et se faire entendre, et qu'il faut mieux exploser plutôt que de prendre son temps et apprendre à observer, écouter, ressentir.
On entend souvent le corps enseignant dire « L'école n'a pas mission d'éducation mais d'apprentissage. L'éducation des enfants reste la responsabilité de leurs parents ». Bien entendu les parents ont la plus grande responsabilité face à l'éducation de leurs propres enfants. Mais l'école de « l'Education Nationale » où l'enfant passe le plus clair de ses journées ne peut prétendre n'avoir aucun impact ni aucune responsabilité dans l'éducation de l'enfant. L'école est parfois le seul refuge même d'éducation pour certains enfants qui viennent de familles déchirées.
Et puis il y a ceux qui ne crient pas mais ne disent rien: par leur silence, les autres adultes témoins de telles pratiques (professeurs, directeurs, femmes de services, intervenants extérieurs) participent à cet pratique éducative en validant ainsi par leur silence et acceptation ce mode de fonctionnement et d'éducation. Ces pratiques dont nous nous sommes accoutumés dépassent le bon sens, le simple respect de l'individu et le bien-être de tous (autant pour celui qui crie que celui qui est crié dessus et que celui qui entend les cris).
Le manque de communication positive, bienveillante et non-violente vient du manque d'écoute, écoute de soi et de ses propres besoins et écoute des autres. Chaque journée passée à l'école devrait comprendre des temps de respiration, de méditation, de discussion, d'observation et d'expression. L'emploi-du-temps de l'enfant ressemble déjà à celui de l'adulte : chaque minute est comptée, chaque action encadrée, chaque pause pipi, chaque repas, chaque moment de détente, chaque moment de droit de parole, de droit de bouger... Cet emploi-du-temps est pour l'enfant contre-organique et contre productif. Le monde de l'enfance ne devrait pas ressembler au monde du travail, sans moment pour se questionner, respirer, jouer, s'interroger, rêver et réfléchir.