Pour une Éducation pleine de Bienveillance, de Confiance et de Créativité
« L’important n’est pas ce que l’on enseigne aux enfants mais comment on le leur enseigne»
Quand éducation rime avec blessure et dépréciation de soi
L’enfant a besoin d’attention et de bienveillance à son égard pour grandir, s’épanouir et se développer sereinement. Sans cette bienveillance l’enfant ne construit pas de confiance en lui, il se renferme et n’ose pas exprimer ses besoins, ses désirs et ses peurs. Si le mode d’éducation ( que ce soit à la maison ou à l’école) est fondé sur l’adage de la punition et de la récompense, du droit à la parole et de l’obligation au silence, du bien et du mauvais, l’enfant n’apprend que par la crainte de l’erreur et la répétition. Il imprime très fortement et très tôt dans sa psyché qu’il « est le problème ». Il sent et s’imagine être inévitablement la cause de la déception de l’adulte et comprend très vite qu’il marche constamment sur des œufs. Il instaure ainsi dans la construction de sa personnalité l’idée qu’il n’est pas légitime, qu’être « lui-même » pose problème et ne suffit pas, qu’il ne mérite sans doute pas d’être apprécié et aimé juste pour qui il est et ce qu’il est.
Quand éducation rime avec formatage et réductionnisme
Avec cette inquiétude de décevoir et la peur d’échouer, l’enfant se force à se conformer et à se mouler à l’idée et l’image que l’on attend de lui. Il préfère se formater plutôt que de prendre le risque de déplaire et de s’affirmer. Le système éducatif de l’école primaire est particulièrement édifiante sur ce point. Depuis 7 années que j’interviens dans de très nombreuses écoles pour donner des activités de création artistiques, je suis régulièrement frappé par la rigidité du mode de communication, d’éducation et des règles du vivre ensemble établies: « on ne doit pas », « on n’a pas le droit de », « il est interdit de », etc. Pas de propositions concrètes et positives mais des interdictions fermes et définitives. Pas de place pour l’expérimentation, la découverte et l’individualité.
Également, l’uniformité de l’enseignement délivré est assez marquante. Même L’éducation artistique qui appartient à un domaine d’enseignement censé ouvrir les enfants à la créativité et au domaine de l’imaginaire et du « pas pareil » reflète cet « uniformisme »: tout est fait pour formater les enfants à tous penser pareil, créer pareil et percevoir le Monde de la même manière, dans une vision uniforme, réductionniste et attristante de normalité. C’est particulièrement visible dans de nombreux couloirs d’écoles et salles de classe où l’on peut découvrir des kilomètres d’« œuvres-collage » de feuilles d’automne, de multiples dessins photocopiés sur lesquels l’enfant a eu le droit de choisir les couleurs pour correctement les colorier, ou d’innombrables copies et reproductions d’un Paul Klee ou d’un Picasso...
Pourquoi toujours commencer par apprendre aux enfants à dessiner « à la manière de » en partant trop souvent d’exemples concrets déjà imaginés et inventés au lieu de partir de leur propre imaginaire et de leur proposer de s’exprimer librement, en toute confiance.
Quelle chance auront-ils ainsi de découvrir leur propre voix et leur talent qui ne demande qu’à éclore ainsi que de développer leurs propres idées. Sans un développement précoce de la créativité , de l’autonomie et de la confiance en soi, l’enfant deviendra très souvent un adolescent révolté et perdu, et plus tard un adulte assisté et mécontent.
Pour une éducation qui rime avec participations, créativité et échanges
En observant le lieu, les règles de vie et l’emploi du temps des élèves à l'école, et en le confrontant à la réalité neurologique, émotionnelle et physique de celui-ci, force est de penser que l’école telle qu’elle est conçue et organisée n’est pas une école créée et adaptée pour les enfants. Il semblerait plutôt qu’elle soit une école de l’adulte, conçue par et pour eux, réfléchie pour leur permettre de dérouler le programme éducatif pensé et façonné par l’institution: Le rythme, l’environnement physique et sonore ainsi que les espaces offerts aux enfants ne semblent répondre en rien à leurs besoins et à leur nature.
L’enfant devrait être au centre des réflexion et des décisions de la construction d’une école. Il devrait également être au cœur des décisions concernant son apprentissage et de son mode d’évolution. Il devrait être acteur et co-créateur de son éducation et non un simple exécutant.
Accompagné et entouré par la bienveillance, l’enfant « acteur » devient très vite autonome et prend confiance en lui, développant une estime de soi et un bien-être. Ce bien-être se traduira automatiquement en moins de violence. Permettre à l’enfant de questionner l’adulte, de discuter avec les camarades et de proposer ses idées et sa vision le rend proactif, motivé, enthousiaste et créateur. Il se sent valorisé, écouté et respecté.
De l’importance de communiquer juste
Il est donc impératif de permettre à l’enfant de prendre la parole et de valider cette prise de parole comme souhaitée, légitime et même nécessaire. L’important n’est pas d’avoir raison et de trouver la bonne réponse mais d’essayer de réfléchir, de s’interroger et de trouver « sa » réponse. D’ou l’importance de communiquer juste et d’apprendre à l’enfant le plus tôt possible la communication bienveillante et non violente. L’important n’est pas d’avoir tous la même opinion mais d’être capable de discuter et de se mettre d’accord.
Et cet apprentissage ne peut être transmis que par des adultes bienveillants. Cela passe inévitablement de mon point de vue par la formation du corps encadrant et enseignant en CNV.
Il ne suffit pas d’exiger de l’enfant une attitude exemplaire. Montrer l’exemple et pratiquer une communication bienveillante est primordial de la part de l’équipe encadrante et enseignante; une communication non violente des adultes envers les enfants ainsi qu’entre adultes.
Vers une société bienveillante, adulte et responsable
Une transformation profonde de la société ne peut se faire que de l’intérieur parallèlement aux transformations des pouvoirs dirigeants. On ne peut pas uniquement être dépendant des décisions prises par les institutions pour commencer à investir sa vie et agir. Chacun d’entre nous a le pouvoir de décider de ce qui est important pour lui, des valeurs qu’il souhaite défendre à chaque moment de sa vie. Chacun d’entre nous a le pouvoir d’observer, d’écouter, et d’engager avec les autres une communication et un dialogue responsable. Nous en avons même la responsabilité. L’important n’est pas d’être juste tout le temps et de mener une vie exemplaire à chaque instant, mais l’important est de tendre à cette prise de position empathique grâce à une prise de position responsable, attentif et à l’écoute de soi et des autres. Il est essentiel d’être capable de se remettre en question, de reconsidérer ses prises de position et de réajuster ses actions pour établir chaque jour une relation sereine envers soi-même, son entourage et le monde. Du bien-être et du bonheur de nos enfants dépendront l’avenir et le visage de notre société et l’évolution de l’espèce humaine.