Communication bienveillante (ou pas) dans les rapports professionnels?
Le
monde professionnel serait-il une jungle?
Vous est-il déjà arrivé d'envoyer une sollicitation spontanée ou de faire une proposition de collaboration à un employeur potentiel?
Votre proposition est très concrète, détaillée, peaufinée, tout à fait pertinente. Vous avez pris beaucoup de temps pour y réfléchir et développer avec soin votre concept ainsi que la proposition. Elle a été pensée et réfléchie spécialement pour cet employeur, en prenant en compte ses ambitions et ses missions. Vous correspondez complètement au profil qu’il recherche. Mieux encore: vous avez déjà travaillé ensemble par le passé et la collaboration avait été un succès. Il vous a déjà vu a l’oeuvre, vous fait confiance et se réjouirait de retravailler avec vous. Cette proposition pour leur nouveau projet vous tient à cœur et vous souhaitez contribuer à nouveau avec enthousiasme et créativité à cette nouvelle mission.
La réaction à votre mail vient en effet très rapidement: votre projet de collaboration emballe l'équipe qui la trouve très pertinente et intéressante. Ils se réjouissent de pouvoir en discuter en équipe pour pouvoir décider de la suite.
Et puis le temps passe et vous vous retrouvez sans nouvelle de leur part. Après une première puis une deuxième relance vous obtenez enfin une réaction: l’équipe serait ravi de pouvoir échanger des idées autour de votre proposition qu’ils ont tant apprécié: « Pourquoi pas une "discussion-débat" avec d’autres participants pour « brainstormer » autour de votre proposition. Ce serait tellement bien de ne pas perdre le contact positif qui vient de se créer. »
Bien que l’idée d’échanger avec l’équipe autour de votre proposition ne vous pose aucun problème (au contraire, c’est même votre souhait exprimé de collaborer à nouveau avec eux), la perspective d'échanger avec un groupe de participants que vous ne connaissez pas sur votre proposition et de livrer gracieusement vos idées développées sur plusieurs années d’expérimentation et d'expérience ne vous enchante pas particulièrement et ne raisonne pas vraiment pour vous.
Vous le leur faites savoir et réitérez votre souhait de travailler main dans la main avec eux. Votre proposition « clé en main » est très claire et ne nécessite pas d’être abordée en « discussion-débat ». Vous expliquez que s'ils souhaitent vous engager, vous serez heureux de discuter en réunion de travail de vos idées et des leurs et de construire ensemble la version de votre proposition la plus adaptée au projet.
Et puis plus rien. Pas de réaction de leur part. Pas de réponse. « Silence mail ».
Tes idées, ton enthousiasme,...mon intérêt.
Une collaboration signifie « travailler et réfléchir ensemble pour atteindre un objectif commun» et dans les échanges professionnels le respect, la considération et le professionnalisme sont normalement requises.
Le refus fait partie de toute relation qu’elle soit professionnelle ou personnelle. Aucun soucis à se voir refuser un projet. Il devrait néanmoins être accompagné par des raisons et des motivations. Et même si la crainte de décevoir et la peur de s’être trop avancé est présente pour un employeur, le refus doit être au minimum communiqué et annoncé de vive voix ou par mail ou par courrier. Le « silence radio » ne peut pas être une option envisageable. Le minimum est effectivement de répondre, d’expliquer les raisons de la décision et de remercier le sollicitant pour l’intérêt montré, les efforts fournis et le temps investi.
Le manque de communication, d’attention et de considération dans le cadre et le contexte professionnel sont tout simplement inadmissibles.
À quel moment « l’homme et la femme professionnels » perdent-ils le chemin de la droiture, de la rigueur, de la bienséance et du professionnalisme? Sont-ils tellement obnubilés par leur travail quotidien et leur propre intérêt qu’ils en oublient d’être à l’écoute de l’autre? Peut-être qu’un code du travail devrait être instauré ou remis à jour pour mettre en place des règles essentielles de bienséance, de communication et d’humanité dans le cadre professionnel ; des règles pour éduquer les «praticiens» à instaurer de la bienveillance dans leur activité et éviter de voir le milieu du monde professionnel réduit à une jungle « amateurisante ».
Du manque d’éducation et du trop plein de blessures.
Il est donc navrant de constater un manque important d’éducation chez l’adulte au niveau de sa gestion des relations professionnelles et de son mode de communication écorché. L’être humain n’est pas par nature malveillant (c’est mon point de vue): Qui souhaiterait en effet vivre dans les tensions, les conflits et le stress permanent? Force est de penser qu’il n’est donc pas conscient de ce « disfonctionnement » et que son manque d’éducation sur le savoir vivre ensemble et l’écoute de l’autre s’est infiltré très tôt dans ses habitudes. Le professionnel est avant tout un être humain et il est triste et alarmant de voir transparaitre dans son incapacité à considérer l'autre dans son activité professionnelle son manque de bienveillance dans sa vie privée et sa difficulté à communiquer. L'être adulte ne serait-il rien d'autre qu'un enfant blessé qui très tôt a peut-être perdu confiance en lui et son enthousiasme ?
Communication bienveillante, pour une société adulte et responsable.
Tout est question de communication! La qualité de nos rapports humains dépend de la qualité de notre communication, de notre capacité à écouter l’autre et à être entendu ! La qualité positive de notre société dépend d'une communication non violente, adulte et responsable. Il ne suffit pas non plus uniquement de se parler : Communiquer de façon malveillante, violente et perverse ne nous mènera pas à des relations épanouissantes. Encore moins par le silence. Sans communication bienveillante, pas de relations saines et constructives. En communication comme dans la plupart des domaines, ce qui compte c'est la qualité et non la quantité.
De la déception à la prise de position.
Passé la quarantaine je me surprends encore à être déçu par une telle situation. Et pourtant année après année et après de nombreux refus et de nombreuses situations de « traitement du silence », je devrais y être préparé et m’y attendre; ne pas placer mes espoirs trop haut et accepter définitivement cela comme un état de fait, irrévocable...
Mais quelle vie! Si ne pas espérer à de bonnes rencontres et de bonnes collaborations professionnelles était la seule perspective possible, la vie dans notre société serait bien triste ! Adieu confiance et enthousiasme ? Surement pas ! Alors comment faire?
Comme Greta Thunberg l’avait exprimé si courageusement au début de son mouvement Fridays for futur « je ne souhaite pas que vous soyez plein d’espoir, je souhaite que vous ayez peur ». En parallèle à ce mouvement courageux de millions de jeunes qui refusent « la déception » je découvre la CNV de Marshall Rosenberg avec Axelle Schermann. Eux également refusent l’acceptation et le déterminisme. Tout est possible en commençant par être bienveillant envers soi-même et faire face à la réalité avec compassion et sagesse.
À mon tour je ne souhaite plus être plein "d’espoir" mais être déterminé et clair sur mes besoins et mes attentes pour une vie et des collaborations emplies de communication bienveillante, de courage et de bonheur. Je ne souhaite pas vivre dans la rancoeur, le ressentiment et le jugement mais dans la communication et l’écoute.
Adieu mes peurs, la déception, le ressentiment et la tristesse; « Welcome » bienveillance, compassion, acceptation, prise de position et clarté d’esprit! Parce qu'on a tous une responsabilité dans notre monde présent et en devenir. Retroussons-nous tous les manches ensemble pour une vie meilleure !